La procédure GANZDFEL est une technique légère d’isolement sensoriel, qui fut d’abord tentée en psychologie expérimentale dans les années 1930, pour être ensuite adaptée par des parapsychologues afin de vérifier l’existence du psi – traitements de l’information ou transferts d’énergie relevant d’une anomalie – tels que la télépathie ou d’autres formes de perceptions extra-sensorielles aujourd’hui inexpliquées en termes de mécanismes physiques et biologiques connus. Les parapsychologues ont élaboré la procédure ganzfeld en partie parce qu’ils ne se satisfaisaient plus des méthodes par divination de cartes dans les épreuves P.E.S. explorées par J.B. Rhine à l’Université Duke dans les années 1930. Ils pensaient en particulier que la procédure répétitive en choix-forcé par laquelle le participant tente de choisir le symbole « cible » correct parmi un ensemble de choix prédéterminés échouait à rendre compte des circonstances qui caractérisent les exemples de phénomènes psi dans la vie quotidienne.
Historiquement, le psi a souvent été associé à la méditation, à l’hypnose, aux rêves et à d’autres états de la conscience, qu’ils soient d’origine naturelle ou délibérément modifiés. Par exemple, l’opinion selon laquelle un phénomène psi peut arriver pendant une méditation est exprimée dans de nombreux textes classiques sur les techniques de méditation ; la croyance selon laquelle l’hypnose est un état favorable au psi remonte aux premiers jours du mesmérisme ; et des études inter-culturelles montrent que de nombreuses expériences psi spontanées ont été relayées par des rêves. Il existe aujourd’hui des preuves expérimentales qui corroborent ces observations anecdotiques. Ainsi, plusieurs chercheurs en laboratoire ont rapporté que la méditation facilite les expérimentations psi (Honorton, 1977). L’analyse de 25 expériences sur l’hypnose et le psi menées entre 1945 et 1981 dans dix laboratoires différents suggère que l’induction hypnotique peut aussi faciliter les performances psi (Schechter, 1984). Et des rêves télépathiques ont été décrits dans une série d’études menées au Centre Médical Maimonides de New York, publiées entre 1966 et 1972 (Ullman, Krippner & Vaughan, 1989). Les expériences en Ganzfeld sont issues en droite ligne de ces études oniriques. Les études oniriques portaient sur l’existence de la télépathie, le transfert d’informations d’une personne à une autre sans médiation d’un canal connu de communication sensorielle. Deux participants, un « agent » et un « percipient », passent la nuit dans un laboratoire d’étude du sommeil. Les ondes cérébrales et les mouvements oculaires du percipient sont surveillés sur écran pendant qu’il ou elle dort dans une chambre isolée. Quand le percipient entre en phase onirique (ou sommeil paradoxal) – ce qui est signalé par le déclenchement des MOR (Mouvements Oculaires Rapides) – l’expérimentateur déclenche un signal sonore qui indique à l’agent de se mettre en état d’émission. Celui-ci se concentre alors sur une image choisie au hasard (la « cible ») dans le but d’influencer le contenu des rêves du percipient. Vers la fin de la phase de sommeil paradoxal, le percipient est réveillé et on lui demande de décrire le rêve qu’il vient d’expérimenter. La procédure est répétée toute la nuit, avec la même cible. Une transcription des rêves rapportés est transmise à des individus n’ayant pas participé aux séances, qui servent à établir un jugement extérieur. Ces juges évaluent la similitude entre les rêves de la nuit et plusieurs images données, sans savoir laquelle a servi de cible. Dans certaines études, on demande aussi aux percipients eux-mêmes de juger des similitudes. Suivant certaines variations dans la procédure, les rêves furent jugés plus semblables de façon significative aux images-cibles qu’aux images de contrôle. Mis ensemble, les résultats des études sur la méditation, l’hypnose et les rêves suggèrent l’hypothèse que l’information psi fonctionne peut-être en tant que signal faible, lequel est en temps normal masqué par le « bruit sensoriel » de la vie quotidienne. Les divers états modifiés de la conscience qui semblent augmenter les facultés individuelles à détecter des informations psi ne le font peut-être que parce qu’ils réduisent le taux d’interférences sensorielles. C’est cette dernière hypothèse qui a entraîné le recours à la procédure Ganzfeld. À l’instar de la procédure utilisée dans l’étude des rêves, la procédure Ganzfeld a été le plus souvent utilisée pour vérifier la communication télépathique entre un agent et un percipient. Ce dernier se repose sur un fauteuil dans une pièce isolée. On lui bouche les yeux à l’aide de demi-balles de ping-pong translucides maintenues par de l’adhésif, et on lui met un casque audio sur les oreilles. Un projecteur rouge est dirigé vers ses yeux et du bruit blanc diffusé dans les écouteurs. (Le bruit blanc est un mélange aléatoire de fréquences sonores comparable au grésillement que produit une radio réglée entre deux stations). Cet environnement visuel et auditif homogène est appelé Ganzfeld, mot allemand qui signifie « champ total ». Afin de minimiser le « bruit » produit par la tension interne du corps, le percipient passe par une série d’exercices de relaxation au début de la période Ganzfeld. Tandis que le percipient se trouve en Ganzfeld, un agent est installé dans une pièce isolée à part et se concentre sur la « cible », c’est-à-dire sur une image ou une séquence vidéo choisie au hasard. Pendant trente minutes, le percipient pense à voix haute, offrant un rapport continu de toutes les pensées, sensations et images qui lui traversent l’esprit. A la fin de la période Ganzfeld, on présente plusieurs stimuli (en général quatre) au percipient puis, sans lui dire lequel était la cible, on lui demande d’établir un classement qui corresponde aux pensées et aux images éprouvées pendant la période ganzfeld. Si le percipient attribue le meilleur classement à la cible, on considère qu’il s’agit d’une « réussite ». Ainsi donc, si l’expérience utilise un ensemble de contrôle comprenant 4 stimuli (la cible et trois stimuli de contrôle) le taux de réussite prévisible dû au seul hasard est d’un sur quatre, soit 25%. D’une autre manière, le jugement de similitude pourra être établi par des juges extérieurs se fondant sur des transcriptions de l’imagerie du percipient, comme ce fut le cas lors des études oniriques au Maimonides. En 1985 et 1986, le Journal of Parapsychologie a consacré deux numéros complets à l’examen critique des études du Ganzfeld, proposant un débat entre Ray Hyman, psychologue cognitiviste et critique sceptique bien informé de la recherche parapsychologique, et feu Charles Honorton, éminent parapsychologue et important chercheur du phénomène Ganzfeld. À l’époque, il y avait eu 42 études de Ganzfeld menées par des chercheurs de dix laboratoires. Lors des ces études, les percipients avaient atteint un taux de réussite de 35%. Cela peut paraître faible comme marge de réussite au-delà des 25% dûs au hasard, mais quelqu’un qui bénéficierait d’une telle marge dans un casino s’enrichirait bien vite. Statistiquement, ce résultat est fort significatif : les probabilités d’obtenir un taux de réussite de 35% sur un tel nombre d’expériences sont inférieures à un milliard contre un. Des analyses ultérieures ont démontré que ce résultat global ne pouvait être imputé à un rapport sélectif qui ne rendrait compte que des résultats positifs en négligeant des résultats négatifs. Les expériences auto-Ganzfeld. Si la critique la plus fréquemment émise à l’encontre de la parapsychologie est qu’elle ne produit pas d’effet psi renouvelable, une critique un peu moins fréquente est que bon nombre – pour ne pas dire la plupart – des expériences n’offrent pas les garanties de contrôle et de protection adéquates. Une accusation récurrente est que les résultats positifs émergent principalement d’études initiales mal contrôlées, puis s’évanouissent dès lors que l’on met en place de meilleurs contrôles et des protections plus efficaces. Les carences les plus potentiellement fatales à une étude psi sont celles qui permettraient à un percipient d’obtenir l’information cible d’une manière sensoriellement normale, que ce soit par mégarde ou par tricherie délibérée. Ce problème est appelé fuite sensorielle. Au cours de leur débat, Hyman le critique et Honorton le parapsychologue tombèrent d’accord sur le fait que les études qui présentent de bonnes protections contre la fuite sensorielle obtenaient des résultats tout aussi solides que des études moins bien contrôlées. Mais du fait que Hyman et Honorton n’étaient pas d’accord sur d’autres aspects des expérimentations, ils publièrent conjointement un communiqué en 1986 par lequel ils reconnaissaient que le verdict final attendrait les retombées de futures expériences menées par des chercheurs de plus large provenance et suivant des normes plus draconiennes. Puis ils décrivirent en détails les normes méthodologiques et statistiques plus draconiennes dont ils estimaient qu’elles devaient, à l’avenir, régir toute expérience Ganzfeld. De 1983 à 1989, Honorton et ses collègues ont mené une nouvelle série d’expériences Ganzfeld plus rigoureuses et qui obéissent aux directives Hyman-Honorton. On les appelle études auto-ganzfeld du fait qu’un ordinateur contrôle les procédures expérimentales, y compris la sélection et la présentation aléatoire des cibles, tout en enregistrant les jugements des percipients. Les cibles consistaient en une série de 80 images (cibles statiques) et 80 courts extraits de séquences vidéo avec bande-son (cibles dynamiques), le tout enregistré sur vidéo-cassettes. Dans les cibles statiques, on trouvait des reproductions artistiques, des photographies et des publicités ; dans les cibles dynamiques, il y avait des extraits – d’environ une minute chacun – de films de cinéma, d’émissions télévisées et de dessins animés. La procédure Ganzfeld automatisée fut examinée de manière critique par plusieurs douzaines de parapsychologues et de chercheurs comportementalistes issus d’autres disciplines, parmi lesquels d’éminents critiques de la parapsychologie. De plus, deux « mentalistes », magiciens spécialisés dans la simulation du psi, examinèrent l’expérience afin de s’assurer qu’elle n’était pas sujette à des fuites sensorielles involontaires ni à des tricheries délibérées de la part des participants. Dans l’ensemble, 100 hommes et 140 femmes ont participé en tant que percipients à 354 séances réparties en 11 expériences séparées, tout au long du programme des recherches de Honorton sur l’autoganzfeld. Ces expériences ont confirmé les résultats des études précédentes, obtenant sensiblement le même taux de réussite : environ 35%. On découvrit par ailleurs que les réussites sont plus à même d’avoir lieu avec des cibles dynamiques qu’avec des cibles statiques. Ces études furent publiées par Honorton et ses collègues dans le Journal of Parapsychologie en 1990, et l’histoire complète de la recherche sur ganzfeld a été résumée par Bem et Honorton dans le numéro de janvier 1994 du Psychological Bulletin de l’Association Américaine de Psychologie (Bem & Honorton, 1994 ; Honorton et al., 1990). Pourquoi la procédure Ganzfeld fonctionne-t-elle ?Lorsqu’ils tentent de comprendre le psi, les parapsychologues ont pris l’habitude de commencer par l’hypothèse de travail selon laquelle, quels que soient les mécanismes qui sous-tendent ce phénomène, il doit se comporter à l’instar d’autres phénomènes physiques connus. En particulier, ils supposent généralement que l’information cible se comporte comme un stimulus sensoriel externe tels que ceux qui sont reçus, traités et expérimentés par d’autres méthodes de traitement de l’information plus familières. De la même manière, les performances psi individuelles devraient évoluer en fonction d’autres variables selon des méthodes psychologiquement raisonnables. Ces hypothèses sont intégrées dans la théorie psi qui a motivé l’étude du ganzfeld en première instance. Comme on l’a remarqué précédemment, la procédure ganzfeld a été élaborée pour vérifier l’hypothèse selon laquelle une information relayée par un moyen psi agit en tant que signal faible masqué en temps normal par les « bruits » sensoriels externes et corporels internes. Suivant cette logique, toute technique qui augmente le quotient signal/bruit devrait augmenter la faculté d’une personne à détecter l’information relayée par du psi. Ce modèle psi à réduction de bruit permet d’organiser un vaste et multiple corpus de résultats expérimentaux, notamment ceux qui démontrent les propriétés favorables au psi des états modifiés de conscience tels que la méditation, l’hypnose, les rêves et bien sûr, le Ganzfeld lui-même (Rao & Palmer, 1987). Des théories alternatives avancent que le Ganzfeld et les autres états modifiés peuvent favoriser le psi parce qu’ils réduisent la résistance du percipient à la détection des imageries d’origine étrangère – c’est à dire les images qui ne paraissent pas provenir de son propre esprit – ou parce qu’ils diminuent les processus rationnels de censure et de révision de telles images, ou bien parce qu’ils suscitent une manière de penser plus divergente. À ce point, on ne dispose pas de données qui permettraient de faire un choix parmi ces hypothèses, et le modèle réducteur de bruit demeure le plus largement accepté. La cible. Il existe plusieurs hypothèses qui tentent de rendre compte de la supériorité des cibles dynamiques sur les statiques : les cibles dynamiques véhiculent plus d’informations, suscitent à la fois les sens visuel et auditif, évoquent une imagerie interne plus riche, sont plus vivantes, présentent une structure narrative, et sont plus évocatrices d’émotions. Plusieurs chercheurs psi ont tenté de dépasser la simple dichotomie dynamique/statique pour affiner la définition d’une bonne cible. Bien que ces efforts aient impliqué l’examen des propriétés à la fois physiques et psychologiques des cibles, ils n’ont pas encore permis d’aboutir à des conclusions définitives. Le percipient. Certains percipients présentent de meilleurs résultats lors des expériences psi, y compris les expériences Hanzfeld. Par exemple, ceux qui ont déjà rendu compte d’expériences psi vécues dans la vie réelle, les gens qui pratiquent la méditation, et ceux qui pratiquent d’autres disciplines mentales, font mieux que les autres lors des expériences Ganzfeld. De même, il a été remarqué que les personnes créatives ou douées d’un talent artistique montrent des facultés psi élevées. Honorton a vérifié cela lors d’expériences Ganzfeld en recrutant vingt étudiants en musique, danse et théâtre de l’Ecole Juilliard à New York, pour le rôle de percipient. Dans l’ensemble, ces étudiants atteignirent un taux de réussite de 50%, l’un des taux les plus élevés jamais consignés pour un même échantillon lors d’une expérience Ganzfeld. Les musiciens en particulier se montrèrent efficaces : 75% d’entre eux furent capables d’identifier la cible. (On trouvera plus de détails sur les étudiants de l’Ecole Juilliard et leurs performances en Ganzfeld dans Schlitz et Honorton, 1992). Les performances supérieures des individus pratiquant la méditation ou une activité créative ou artistique s’expliquent peut-être par des différences personnelles qui renforcent certains des effets possibles du Ganzfeld tels qu’on les a mentionnés ci-dessus : ces individus peuvent être soit plus réceptifs à l’imagerie d’origine étrangère, soit plus à même de dépasser les restrictions rationnelles qui pèsent sur la perception ou sur la réinterprétation des informations, soit plus divergents par leur manière de penser. Il a aussi été avancé que, tant les facultés artistiques que les facultés psi, ont peut-être leurs racines dans les fonctions supérieures du cerveau droit. Enfin, les personnes à caractère extraverti tendent elles aussi à obtenir de meilleurs résultats au cours des expériences psi que les introvertis, ce qui s’est avéré aussi vrai lors des expériences en auto Ganzfeld (Honorton, Ferrari et Bem, 1992). Eysenck (1966) a conclu que les extravertis doivent mieux se comporter dans les tâches psi parce qu’ils s’ennuient plus facilement et réagissent favorablement à des nouveaux stimuli. Lors d’une installation telle que le Ganzfeld, les extravertis peuvent se montrer avides de stimulation et ainsi, beaucoup plus sensibles à toute forme de stimuli, y compris des informations psi à faible rendement. Par contraste, les introvertis sont plus enclins à se satisfaire de leurs propres pensées, continuant ainsi à masquer les informations psi malgré le rendement sensoriel affaibli. Eysenck a aussi émis l’hypothèse que le psi pourrait être une forme primitive de perception, précédant le développement cortical dans l’évolution et par voie de conséquence, toute excitation corticale pourrait supprimer le fonctionnement psi. Du fait que les extravertis ont un niveau d’excitation corticale inférieur à celui des introvertis, ils sont censés être moins efficaces lors des tâches psi. Mais il existe des possibilités plus terre-à-terre. Il se peut fort bien que les extravertis obtiennent de meilleurs résultats du seul fait qu’ils sont plus détendus et plus à l’aise dans l’environnement social d’une expérience psi classique. De fait, les introvertis ont fait mieux que les extravertis lors d’une étude au cours de laquelle les participants n’eurent aucun contact avec les expérimentateurs, au lieu de quoi ils travaillaient à domicile à partir de matériaux reçus par courrier (Schmidt & Schlitz, 1989). Les recherches actuelles tendent à examiner l’extraversion de près, ainsi que d’autres traits de personnalités qui semblent améliorer les résultats psi. L’agent. À l’inverse de toute cette masse d’informations concernant le percipient dans les expériences psi, on ne sait quasiment rien sur ce qui définit un bon agent, ni sur les effets qui découlent de la relation entre l’agent et le percipient. Il existe cependant des preuves que les paires agent / percipient liées par amitié, ou les parents proches, obtiennent de meilleurs résultats que les gens sans lien entre eux. Un certain nombre de parapsychologues ont émis l’hypothèse radicale que l’agent n’était pas nécessaire. En termes parapsychologiques, la procédure agent / percipient a pour but de vérifier l’existence de la télépathie, de communication anormale entre deux individus ; toutefois, si d’une manière ou d’une autre, le percipient trouve l’information dans la cible elle-même, il s’agirait alors de clairvoyance, et la présence de l’agent serait alors sans objet (sauf raisons psychologiques possibles, comme par exemple, si l’on s’attend à faire mieux avec un agent). Dans la littérature on trouve des études non-ganzfeld qui rendent compte de preuves significatives de clairvoyance, dont l’expérience menée par JB Rhine et Pratt (1954), utilisant les classiques cartes à deviner. À l’époque où Honorton est décédé, en 1992, il existait 12 expériences Ganzfeld où aucun agent n’intervenait. Le taux de réussite global lors de ces études était de 29%, ce qui, sur douze expériences seulement, ne peut être considéré comme significativement supérieur aux 25% dûs au hasard. Afin de tenter de régler ces questions, des chercheurs de l’Université d’Edinburgh mènent actuellement des expériences où l’on compare systématiquement les résultats de séance Ganzfeld avec et sans agent. La physique du psi. Le niveau psychologique de théorisation dont nous avons parlé jusqu’ici ne concerne nullement, bien entendu, l’énigme qui fait du phénomène psi une anomalie : leur incompatibilité supposée avec notre modèle conceptuel actuel de réalité physique. Les parapsychologues diffèrent grandement de par leur envie de théoriser à cette échelle, mais plusieurs d’entre eux ayant reçu une formation en sciences physiques ou en ingénierie, ont proposé des théories physiques (ou biophysiques) du phénomène psi. (Un bilan approfondi de parapsychologie théorique a été effectué par Stokes, 1987). Seules quelques-unes de ces théories pourraient entraîner une révision radicale de notre conception actuelle de la réalité physique. Cependant, les gens qui suivent de près les questions actuelles de physique moderne savent que plusieurs phénomènes prédits par la théorie quantique et confirmés par l’expérimentation sont eux-mêmes incompatibles avec notre modèle conceptuel actuel de réalité physique. Parmi ceux-ci, c’est la confirmation empirique, en 1982, du théorème de Bell, qui a suscité le plus vaste enthousiasme, ainsi que la plus importante controverse chez les philosophes et les quelques physiciens désireux de spéculer en la matière (Herbert, 1987). En bref, le théorème de Bell dit que tout modèle de réalité compatible avec la mécanique quantique doit être non-local : c’est-à-dire que ce modèle doit admettre la possibilité que les résultats d’observations faites à deux emplacements séparés par une distance aléatoire peuvent être reliés suivant des méthodes qui sont incompatibles avec tout mécanisme causal physiquement acceptable. Plusieurs modèles de réalité possibles intégrant le concept de non-localité ont été proposés tant par des philosophes que par des physiciens. Certains de ces modèles excluent nettement le transfert d’informations du genre psi, d’autres l’admettent, quelques-unes l’exigent de fait. Ainsi donc, à un niveau supérieur de théorisation, certains parapsychologues estiment que l’un des modèles de réalité les plus radicaux compatibles à la fois avec la mécanique quantique et le psi finira par être accepté. Lorsque cela se produira (si cela se produit) le phénomène psi cessera d’être une anomalie. Suivi des recherches Ganzfeld u fait de leur succès, plusieurs laboratoires de parapsychologie à travers le monde continuent à mener des expériences Ganzfeld, parmi eux, l’Université d’Amsterdam, celle d’Edinburgh, celle de Gothenburg en Suède, aux Etats-Unis celle de Cornell, ainsi que le Centre de Recherches Rhine à Durham en Caroline du Nord. Comme l’a écrit le critique Hyman lui-même, « les expériences [en auto-ganzfeld] ont produit des résultats intrigants. Si des laboratoires indépendants peuvent produire des résultats similaires, avec les mêmes relations et avec la même attention portée à une méthodologie rigoureuse, alors la parapsychologie a peut-être bel et bien enfin capturé son insaisissable proie. » (p. 392) Bibliographie Bem, D. J., & Honorton, C. (1994). Does psi exist? Replicable evidence for an anomalous process of information transfer. Psychological Bulletin, 115, 4-18.